L’aponévrosite plantaire est une pathologie commune chez les coureurs, et regroupe un petit groupe de pathologies similaires ou synonymes :
- Aponévrosite plantaire
- Fasciapathie plantaire
- Fasciite plantaire
- Épine calcanéenne ou épine de Lenoir
Elle correspond à une irritation du fascia plantaire situé sous le pied, entre le calcanéum (os du talon) et les orteils. Elle joue le rôle de support de la voûte plantaire et limite son affaissement. C’est une affection qui touche principalement les coureurs sur route, sur piste, et les débutants.
Quels sont les signes d’une aponévrosite plantaire ?
- Douleur sous le talon, précise et localisée plutôt sur la partie antéro-médiale du calcanéum
- Douleur à la mise en charge sur la pointe des pieds / tenir sur un pied
- Douleur aux sauts
- Douleur surtout au lever à la mise en charge lors des premiers pas
- La palpation directe peut être douloureuse
- La marche sur les talons peut être douloureuse
J’aimerai attirer votre attention sur le cas des épines calcanéennes ! Les douleurs au talon sont malheureusement trop souvent associées à tort à la découverte d’une exostose (excroissance osseuse) lors de l’examen radiologique.
Ce n’est pas l’épine qui fait mal ! il s’agit d’un os, ça ne se forme pas en quelques jours ni même en quelques semaines. C’est là depuis longtemps. De plus, elle est présente chez plus de 30% des adultes ne présentant PAS de douleur au talon.
Le diagnostic qui donne l’épine comme responsable de la douleur à des conséquences dramatiques sur la récupération du patient. Le message est hyper anxiogène. Imaginez, vous avez une épine dans le pied ! C’est normal que vous ayez mal ! L’effet de ce discours est clairement nocébo et nuit à la récupération tout en favorisant les risques de chronicisation.
Quelles sont les causes d’une aponévrosite plantaire?
Courir sur la pointe des pieds, courir en côtes ou bien courir sur piste avec une courbe toujours identique sont des activités qui augmentent les contraintes sur le fascia. Si ce genre d’activité est mal dosée et qu’elles sont pratiquées trop vite, trop tôt, trop fort, vous allez dépasser les capacités d’adaptation de votre tissu et l’exposer à la blessure.
Dans l’aponévrosite plantaire, le fascia à tendance à s’irriter à son origine sur l’insertion osseuse du calcanéum. La douleur apparaît graduellement jusqu’à être invalidante si vous n’adaptez pas votre entraînement.
On retrouve également des cas d’aponévrosite plantaire chez les coureurs tentant une transition vers une chaussure plus minimaliste. La zone est davantage exposée aux contraintes avec ce type de chaussure et la quantification du stress mécanique (QSM) appliquée au tissu doit être bien surveillée pour limiter le risque de surcharge.
Quel est le traitement ?
Le traitement se décompose en trois phases. Dans un premier temps, lors de la phase aiguë, le but sera de réduire l’irritation de la structure. On cherche la PROTECTION.
- Réduire les stresseurs et éviter les entraînements douloureux comme la vitesse, la pliométrie, le dénivelé, les sauts…
- Pratiquer une activité de transfert plutôt portée comme le vélo ou la natation
- Augmenter l’amorti, la hauteur du talon (drop), la rigidité longitudinale et le support d’arche en utilisant une chaussure maximaliste
- Éviter la glace et les anti-inflammatoires qui peuvent nuire à la guérison des tissus
- Un bandage rigide peut également être intéressant à court terme pour décharger le fascia
- Le massage et les étirements peuvent participer à la désensibilisation de la zone
- L’utilisation d’une orthèse plantaire (semelle) peut être indiquée à court terme si elle permet une diminution des symptômes et favorise l’activité.
Puis viendra la phase d’ADAPTATION où nous allons commencer à solliciter le tissu afin qu’il redevienne tolérant à la charge.
- Débuter les exercices de renforcements dès que possible en fonction des symptômes
- Travail des muscles intrinsèques du pied, renforcement du mollet (avec les orteils relevés pour une plus grande stimulation du fascia)
- Travail d’assouplissement du mollet si une différence significative est observée comparativement au côté sain
- Contrôle moteur des muscles du pied : travail de dissociation des orteils
- Début du travail de proprioception. Toutes les formes sont possibles du moment que vous surveillez l’évolution de vos symptômes
- Quantifier son stress mécanique en augmentant graduellement les volumes d’entraînement. Vous pouvez l’outil MyQSM pour vous aidez à juger votre niveau de stress mécanique.
- Solliciter régulièrement (quotidiennement) les tissus. Deux stimulations par jour de 10 à 15min sont très efficaces
- Reprendre la course à pied dès que les symptômes le permettent en fractionnant vos sorties grâce à l’alternance marche / course
Enfin viendra la phase de RÉATHLÉTISATION. Il s’agit à cette phase de retourner aux activités sportives habituelles, de pouvoir poursuivre son entraînement afin d’appréhender au mieux les éventuelles prochaines compétitions :
- La quantification du stress mécanique est indispensable pour réintégrer progressivement le volume de course, les intervalles, la vitesse et le dénivelé.
- Poursuite du travail de renforcement : le travail de pliometrie et de sauts stimulera de façon intense le tissu
- Compléter avec des exercices de renforcement fonctionnel pour être spécifique à la course à pied (squat sauté, fentes sautées, box Jump, jumping jack, corde à sautée…)
- Intensifier le travail de proprioception: surfaces instables, déséquilibre intrinsèque, utilisation de charges additionnelles ou élastiques…
- Se diriger très progressivement vers une biomécanique de course plus protectrice (augmentation de la cadence, diminution du bruit, chaussures plus minimalistes). Attention elle engendre plus de contraintes sur l’aponévrose plantaire. La progressivité est indispensable
- Continuer de renforcer son pied en adoptant des chaussures minimalistes dans le quotidien ou en marchant pieds nus
Durée de l’aponévrosite plantaire ?
Sur un problème ponctuel lié à une stimulation mécanique trop intense et récente, la phase 1 peut suffire et permettre un retour en 1 à 2 semaines. Si le problème est plus important, cela peut prendre plusieurs semaines. Le diagnostic initial et un suivi régulier chez un professionnel pourront parfois vous apporter plus de précision sur la durée. Une consultation et une prise en charge rapide vont permettre d’optimiser votre retour.
Sportivement,
Nicolas.
Ressources complémentaires :
0 commentaires