L’HISTOIRE DE JULIE ET SON TFL
Aujourd’hui je vais vous présenter Julie, 32 ans, enseignante. Julie a toujours été passionnée de sport. Elle s’est mise à la course à pied depuis 3 ans maintenant, et a rejoint un groupe d’entraînement « hors stade » dans le club d’athlé de sa ville il y a 1 an.
Elle a fait son premier trail l’année dernière et est vite devenue accroc à cette pratique en nature de la course à pied. Cette année, elle se fixe un nouvel objectif avec ses copines d’entraînement : terminer son 1er 30km.
Julie est surmotivée, elle adore les séances d’entraînement que propose le coach : souvent une séance de VMA + une séance au seuil la semaine avant la sortie longue du week-end.
Le trail de Julie est prévu début juillet, nous sommes en mars et Julie est en pleine confiance, la saison hivernale c’est bien passé elle a réussi à maintenir un bon rythme d’entraînement malgré les raclettes. Elle a même fait des CROSS (WTF !!!!!!). Les beaux jours revenant, elle commence à faire de plus en plus de sorties dans les chemins jusque-là encore impraticables. C’est aussi pour elle l’heure de s’attaquer à un entraînement bien spécifique qu’est celui du dénivelé.
Julie sait qu’elle doit travailler ce point, car son trail de juillet a un dénivelé positif 1640m. Le coach a intégré des séances d’entraînement en cotes la semaine et les sorties du week-end s’allongent et se vallonnent. Julie sent que son organisme travaille différemment lors de ces sorties qui sont plus éprouvantes.
Cela fait 1 mois maintenant qu’elle a repris le travail de dénivelé, Julie sent qu’elle a toujours de la peine, les montées la fatiguent beaucoup. Toujours au top de la motivation elle décide de s’ajouter une sortie supplémentaire le week-end avec du D+.
3 semaines plus tard, Julie commence à ressentir une fatigue générale qu’elle justifie par l’ajout de cette séance supplémentaire. Samedi matin, elle prévoit une sortie de 18km sur terrain vallonné. Après 12km, en pleine descente elle ressent comme un choc électrique au niveau du genou G. Elle s’arrête en bas de la descente pour faire quelques mouvements, elle n’arrive pas à reproduire la douleur et décide de repartir doucement. En seulement quelques minutes, sur du plat, la douleur revient progressivement jusqu’à l’arrêter de nouveau. Julie ne comprend pas, elle a déjà fait ce parcours plusieurs fois ces dernières semaines sans jamais ressentir la moindre gêne.
Après un retour pénible à la maison, elle décide de mettre de la glace et de s’accorder 3 jours de repos complet. Elle fait sauter l’entraînement du dimanche et celui du mardi avec le club. La douleur n’est pas revenue et Julie reprend l’entraînement le jeudi soir avec le club pour la séance de côtes. Il ne faut que 3 aller-retour pour que Julie mette le clignotant à droite. La douleur est revenue d’un seul coup sans prévenir. Elle peut à peine marcher. L’entraînement se termine rapidement et Julie repart le moral au fond des chaussettes.
Elle décide alors de consulter son médecin généraliste, Dr H. Elle le connaît depuis bébé il suit sa famille sur 3 générations, elle a confiance en lui. Le Dr h lui prescrit des anti-inflammatoires et lui conseille 3 semaines de repos.
Julie va prendre son mal en patience et attendre de nouveau 3 semaines. Initialement, elle a de la peine à descendre les escaliers, mais au fil des jours la douleur s’estompe pour disparaître complètement. Cela fait 10 jours que Julie n’a plus de gêne dans son quotidien et attend avec impatience la reprise de l’entraînement, car ça y est, 3 semaines se sont écoulées et elle est prête à en découdre avec les sentiers.
Mardi soir 18h25, elle est motivée et écoute attentivement les consignes du coach pour la séance du jour. C’est une séance de VMA. Julie décide de commencer un cran en dessous la séance pour se préserver. La séance se passe plutôt bien et rentre chez elle soulagée.
La séance du jeudi est toujours la séance de côtes. Julie a beaucoup d’appréhension sur cette séance qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle qui l’a fait jeter l’éponge il y a maintenant plus d’un mois (DÉJÀ !!!!!). Là encore, elle décide de faire la séance un cran en dessous. La séance est difficile, Julie a de la peine à trouver son rythme. La gêne au genou fait son apparition en toute fin de séance… Le retour à la maison est bien moins joyeux que mardi.
L’échéance est trop proche maintenant Julie décide de passer outre et entreprend une sortie longue samedi avec du dénivelé. Julie n’ira pas au bout de cette séance, la douleur vive étant apparue brutalement au 4eme km seulement…
Julie ira consulter cette fois un médecin du sport qui lui fera passer des examens, qu’il confrontera ensuite aux tests cliniques pour diagnostiquer un syndrome de l’essuie-glace. Il orientera Julie vers un kiné du sport.
ANALYSE DU CAS
- Julie n’est pas novice en course à pied, elle court depuis plusieurs années de façon régulière. C’est un bon point, cela laisse supposer que son organisme a déjà un certain niveau d’adaptation à la course à pied.
- Elle sort d’une saison hivernale assez intense, elle n’a pas fait de coupure, elle a même participé aux cross. Son organisme a déjà accumulé de nombreuses contraintes. En revanche, il a dû conserver un bon degré d’adaptations.
- Les beaux jours arrivant elle va reprendre la course sur sentier, allonger les sorties et débuter le travail de dénivelé. Julie va donc modifier son entraînement sur 3 leviers très importants : le type de surface, le volume et l’intensité (dénivelé). Ces changements doivent être intégrés de façon progressive si nous voulons maintenir notre organisme dans sa capacité d’adaptation.
- Après un mois, le travail de D+ fatigue Julie, mais elle décide d’en rajouter une séance pour compenser sa soi-disant faiblesse. Le corps de Julie était déjà en train de lui expliquer qu’elle se situait proche de sa limite d’adaptation, mais Julie va en rajouter alors qu’il aurait sans doute été préférable de diminuer transitoirement l’intensité, stabiliser les bonnes sensations pour augmenter de nouveau.
- Grosse douleur 3 semaines plus tard lors d’une sortie. Elle s’impose un arrêt, reprend par une séance de côtes qui débouchera sur une consultation médicale. Suite à la première alerte Julie n’a pas suivi les recommandations de progressivité et de décharge lors de sa reprise. Ces structures déjà sursollicitées n’ont pas supporté.
- Elle consulte son médecin de famille qui lui donne des anti-inflammatoires et 3 semaines de repos. Il est primordial en tant que « sportif », quel que soit votre niveau, que vous puissiez échanger avec quelqu’un qui comprend votre langage (voir constituer son équipe de choc). Le repos dans ce contexte n’est pas la meilleure recommandation comme pour la plupart des pathologies musculo-squelettiques (voir protocole PEACE&LOVE).
- Après 3 semaines sans sport, elle décide de reprendre les séances avec le groupe en réduisant sa vitesse. Elle fait une séance de vitesse qui se passe bien, mais la séance de cote suivante lui relancera les symptômes. 3 semaines d’arrêt impliquent une nette diminution de nos capacités cardio-vasculaires, nos muscles, tendons, ligaments se désadaptent. Il est indispensable de maintenir une activité cardio pendant les périodes de blessure. La reprise de Julie en cours collectif est trop hâtive. Elle aurait dû suivre un programme de reprise plus progressif. La séance de vitesse se passe bien : le syndrome de l’essuie-glace est une pathologie de répétition. Les séances intenses et courtes sont donc plus faciles à encaisser. Le volume ou les descentes le sont beaucoup moins…
- Julie décide une nouvelle fois d’insister voyant l’échéance approchée et se fait arrêter nette après 4 km. Elle consultera un médecin du sport. La pression liée à l’approche d’une compétition ou la pression d’un groupe qui nous tanne pour revenir à l’entraînement sont malheureusement des facteurs influençant négativement nos blessures. La tête fait semblant d’y croire quand le corps n’y croit plus. L’arrêt brutal est un signe caractéristique du syndrome de l’essuie-glace : toujours après la même durée.
CONCLUSION
À l’origine de son problème, Julie a mal quantifié son stress mécanique (voir QSM) en augmentant trop rapidement le volume et l’intensité de l’entraînement couplé à un changement de surface d’entraînement.
Elle n’a pas su interpréter les signaux que son corps lui envoyait. Je vous renvoie ici à l’importance de constituer son équipe d’experts. Cette même équipe qui sera capable de vous donner un diagnostic précis et des recommandations pour traiter votre problème.
Suite à sa période de désadaptation liée à l’arrêt complet de l’activité physique, Julie n’a une nouvelle fois pas respecté de progression pour sa reprise. C’est un problème très fréquent à l’origine de beaucoup de problèmes chroniques. Parce que la douleur n’est plus présente et parce qu’on veut rattraper le temps « perdu », on a tendance à en faire trop, trop vite, trop fort.
Remarque
Je ne prétends pas détenir la vérité absolue autour de ce cas. Il s’agit d’une analyse personnelle. Un autre professionnelle de santé pourrait en avoir une différente. L’objectif au sein de ce type d’article est de vous partager des histoires vraies qui pourront se rapprocher de votre cas. En mettant en avant quelques problématiques liées à la planification des entrainement, au chaussage, à la prévention et la gestion des blessures j’espère vous apporter de précieux conseils.
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